jeudi 28 mars 2013

Funky punky


Jamie Roquoï
A Punk Odyssey
Punkachien Records - 2001

Il y a des artistes comme ça qui sont à multiples facettes. Jamie Roquoï est un très bon exemple, et il l'avoue lui-même : "Je change d'avis comme de slip, et encore des slips j'en ai trois ou quatre".
Découvert en 1993, le jeune chanteur écolo à la toque en poils synthétiques de yack made in China était déjà bourré de contradictions. Tuer des animaux pour leur fourrure non, mais faire travailler des chinois de 8 ans à 1 dollar la journée, pas de problème ? Il s'en défendra en déclarant : "C'est pas pareil, on ne va pas faire le contraire quand même !".
La préservation de l'eau, de l'air, de la Terre (et surtout de l'herbe) étaient les principaux thèmes des hymnes afros-funk de cet utopippiste*. Mais la découverte du punk pour son cinquième album A Punk Odyssey est un vrai tournant dans sa carrière et le discours n'est plus le même. "C'est bon, j'ai assez donné. Les pandas pas foutus de se reproduire, les tribus reculées d'Amazonie qui n'achètent pas mes CDs et les piafs mazoutés qui s'écrasent sur ma baraque, y'en a marre !". Celui qui chantait pieds nus dans le désert entouré de figurants aborigènes pour faire bien s'est vite remis en question.
Il ne jure plus que par son rat apprivoisé Boutanche, change ses dread-locks contre une crête rouge. Et d'un public constitué d'étudiants en beaux-arts fumeurs de ganja, il chante pour les punks à chiens sans collier (les chiens, pas les punks).
"Virtual Anarchy", "Toxic girl" et "Drinking Underground" sont les nouveaux tubes de son album. Les concerts ont lieux dans des squats, des parkings de supérettes ou des ruelles sombres, bref, partout où lui et son public on l'habitude de traîner.
Férocement contre le star-système, il ne s'intéresse pas aux chiffres de ses ventes colossales d'albums. Jusqu'au jour où, fidèle à lui-même, il change à nouveau d'avis et se paye des Hummer, des 4X4 et fait des virées pied au plancher en shootant hérissons, lapins, vieux et autres nuisibles.
Devenu fan de tuning, il s'est orienté depuis vers la dance et la makina.   

* : mélange d'utopiste et de hippie, ce qui revient à la même chose.

Cette pochette est un détournement de l'album "A Funk Odyssey" de Jamiroquaï.
  
 

vendredi 15 mars 2013

Chez ce cher Serge


Serge Guinsbarre
Histoire De Maladie Nelson
Mercury Chrome - 1971

Quand sort Histoire de maladie Nelson en 1971, Serge Guinsbarre n'en n'est pas à son premier coup d'essai. Celui qui se fait appeler "l'hypercondriaque" avec son obsession de la maladie est déjà l'auteur de nombreux classiques : "La gerbouillaise", "Initial bobo", "T'es malade... moi non plus", "Je suis venu te dire que j'ai vomi", "Sous la perfu exactement"... 
Il crée ce concept-album autour d'un personnage à qui tous les malheurs arrivent : maladie Nelson. Si il y a un truc à choper, un accident à avoir, une opération chirurgicale qui tourne mal, c'est pour Nelson !
Serge donne le rôle à un jeune anglais devenu sa source d'inspiration, John Birquine. Ce dernier dira : "Seurge m'a baucu canseillé diourant l'onregistrement des chonsons, je ne understood pas tute mey c'été djouli à chontèye".
Les chansons suivent alors l'histoire du poissard Nelson. "'J'ai mal' à dit Nelson", "L'Hôpital particulier", "Cardio culte" racontent la rencontre d'un docteur (Guinsbarre) qui se prend d'affection pour un patient (Birquine) "qui aurait mieux fait de rester couché, même le jour de sa naissance" selon les termes de Serge.
Mais l'album n'attire pas le public et l'accueil est très mitigé lors de sa sortie, ne vendant que 3 000 exemplaires. Serge ne le supporte pas, se réfugie dans l'alcool (à 90°) et John le quitte. Serge s'invente alors un personnage publique et scandaleux, Gainsbur. 
Il avait déjà créé la polémique en faisant chanter à la jeune France Ékoss le titre au goût douteux "Papy aime les sucettes" en 1965. Quelques années après au journal télévisé, il brûle sa feuille d'ordonnance en direct et lors de l'émission Chiants Élysée, il demande à la chanteuse Whitney Cortizone s'il peut lui prendre sa température "et pas qu'avec un thermomètre buccal" devant un Michel Drucaire médusé.
Il meurt en 1991 d'un rhume mal soigné et son oeuvre reste l'une des plus riches qui soit dans le patrimoine français. D'un point de vue musical et médical s'entend.


Cette pochette est un détournement de "Histoire de Mélody Nelson" de Serge Gainsbourg.
 

vendredi 1 mars 2013

R n' Breizh


Tri-Hanna
Le meilleur de Tri-Hanna
Kesta-povmec - 2007

En 1987, bercées par les chansons traditionnelles bretonnes et les tubes pop de Mariakarec, Jenny Ferlopec et Madonec, trois amies d'enfance inventent un style pour le moins original : le RN'B celte. Hanna L'fabec, Hanna Rienafoute et Hanna Ralbol s'imposent avec ce mélange de mélodies dancefloor avec binious et bombardes. Pour le public, ce nouveau genre tombe comme un far breton sur une crêpe au sucre.
Déterminées, il en fallait plus pour décourager les Tri-Hanna qui accumulent les tubes. Leur premier succès "Parapluich' " rend hommage au climat régional, le rappeur Brestois Djèzi les produit et elles jouent sur scène avec le célèbre ensemble du Bagad En Soute.
Mais Hanna Rienafoute enchaîne les provocations : elle arrive saoule sur scène au Superbowl de cidre en 2002, elle se marie avec l'autre star du RN'B celte Kreizh Bröhn au Casino de Quimper (la grande surface) pour s'en séparer 5 heures après. Et en 1991 en pleine guerre du Golf, le trio chante "Bagad à Bagdad" lors du Festival Inter-celtique de Lorient-Romejco, face à une audience choquée. 
En 2007, pour fêter leurs 20 ans de carrière, elles ont l'idée de faire une tournée de 20 dates dans 20 villes pendant 20 jours !!
Mais ce n'est qu'à Kerozen-sur-Mazoùt, La Tranche-Dequec et Albibach que les salles des fêtes sont "Oeuf jambon fromage", c'est à dire complètes selon les termes d'Hanna Ralbol. Car il faut avoir un certain rythme pour suivre cette folle aventure et le prix des places est tellement élevé que seulement 20 personnes y participent.
Cette expérience est un coup dur pour les trois Pipoudènes (mélange entre pipeule et bigoudènes) qui voient leur carrière sombrer et elles se séparent fin 2007.
Ce qui n'empêche pas à leurs chansons de rester des incontournables et leurs fans sont partout. Comme les drapeaux bretons lors de n'importe quel concert en France...


Cette pochette est un mix de l'album "Le meilleur de" Tri-Yann et de Rihanna.